Lors d’une veillée de prière, l’Esprit Saint m’a guérie de mes craintes d’un engagement

Clara Bignet, jeune aspirante chez les Rédemptoristines | ENTREVUE

«Parfois, le vacarme du monde ainsi que les nombreuses activités qui remplissent nos journées nous empêchent de nous arrêter et de voir comment le Seigneur guide l’histoire. Et pourtant — l’Évangile l’assure —, Dieu est à l’œuvre, à la manière d’une bonne petite semence, qui germe silencieusement et lentement. (…) Même la semence de nos bonnes œuvres peut sembler peu de chose; pourtant, tout ce qui est bon appartient à Dieu et porte donc humblement, lentement ses fruits. Le bien — rappelons-le — grandit toujours humblement, de manière cachée, souvent invisible.» (Pape François, 13 juin 2021)

Pour votre joie, nous vous présentons le récit de Clara qui aspire à la vie contemplative… dans une communauté au Québec. Une bouffée d’air frais dans un monde qui passe

André LaRose (pour l’infolettre de la paroisse Sainte-Thérèse-d’Avila): Vous avez passé, si je me souviens bien, un bref séjour avec d’autres jeunes femmes chez les Sœurs moniales rédemptoristines le printemps dernier. Qu’est-ce qui vous a amenée à venir au monastère?

Clara Bignet : Oui, j’ai participé à quelques retraites au monastère dans la dernière année. En tout, trois fins de semaine organisées par les moniales, une semaine pour une retraite personnelle et un mois dans le cloître en juillet 2024. C’est bien simple, c’est Jésus qui m’a appelée et qui m’a amenée ici, car je cherchais ma place dans l’Église.

Enfant, je désirais être religieuse, mais inconsciemment j’ai refoulé ce désir à l’adolescence. Je voulais attirer les regards des garçons et me marier. En plus, une religieuse m’avait confiée que la vocation à la vie religieuse commence souvent par un désir d’enfant, comme le mien. J’ai vécu longtemps avec cette peur d’être appelée. Suivant les conseils du curé à notre paroisse à Châteauguay, je suis allée passer une fin de semaine pour jeunes en juin 2023 avec la Famille Myriam à Baie-Comeau. J’avais 17 ans. Lors d’une veillée de prière, l’Esprit Saint m’a guérie de mes craintes du mariage et de la vie religieuse. C’est à partir de ce moment que je suis mise à demander: «Quelle est ma vocation?» Dans le fond, je voulais la vie religieuse, mais je n’avais pas encore reçu de signe clair que c’était bien ça le chemin pour moi. Au début de l’automne, je sentais que Jésus me demandait de mettre de côté Netflix et les séries télévisées, entre autres les séries romantiques et les films d’action, comme Spiderman, que je regardais sur mon cellulaire. À la fin d’une neuvaine à sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, Jésus m’a montré que s’il me demandait ce sacrifice, c’était pour me préparer à devenir religieuse. C’était le 1er octobre 2023. J’avais 18 ans.

Depuis, j’ai regardé tranquillement quelques monastères, puis je suis venue ici pour une retraite personnelle, simplement parce que je connaissais sœur Marie-Hélène. Et j’ai continué à cheminer avec cette communauté-ci.

Vous êtes, il me semble, dans la jeune vingtaine. Êtes-vous encore aux études, au travail?

En fait, j’ai 19 ans. J’ai travaillé deux ans et demi en pastorale à temps partiel, dans le catéchuménat pour ados / jeunes adultes, dans l’adaptation de contenu anglophone en vue de bâtir des parcours en français adaptés pour le Québec. J’ai terminé mon cégep en suivant le programme préuniversitaire de deux ans en sciences humaines. Pour l’instant, je prends quelques mois d’arrêt pour me concentrer sur mon discernement.

Vous venez d’une grande famille?

J’ai un frère et deux sœurs. Je suis l’aînée de la famille.

Qu’est-ce qui fait que vous avez la foi, alors que chez beaucoup de jeunes, ce n’est pas, disons, une priorité dans leur vie? Êtes-vous accueillie là-dedans? Vous sentez-vous à part?

C’est grâce à mes parents et par grâce de Dieu que j’ai la foi. J’ai été élevée dans la pratique de la foi catholique — mes parents ont contribué à la naissance et au maintien d’un groupe de jeunes adultes catholiques pendant dix ans — et c’est Dieu qui m’a permis de garder la foi au milieu, justement, des jeunes qui ne l’ont pas en priorité. Dans ma famille, ma foi est encouragée, et les membres non catholiques de ma famille me respectent. Par contre, beaucoup d’autres jeunes m’ont toujours trouvée étrange, «trop» catholique. Au secondaire surtout (dans une école privée), je le sentais et j’en souffrais parfois, mais pour Jésus ça a valu la peine! Après tout, par mon baptême, j’ai été consacrée, mise à part.

Pourquoi choisir une communauté contemplative et laisser de côté une vie ailleurs? Quelle a été la réaction chez vos parents, vos frères et sœurs?

Avant, je ne savais pas vraiment qu’une communauté religieuse pouvait être autre chose que contemplative. Pour moi, la vie religieuse était nécessairement contemplative, alors c’est vers cela que je me suis tournée plus tard. La vie dans le monde et dans les communautés apostoliques ne m’attire pas particulièrement. C’est tout! Et puis, le «travail» par lequel je veux aider le monde, c’est de prier pour qu’aucune âme ne se perde. Ma famille me respecte dans mon choix de discerner la vie contemplative. C’est sûr, mes parents, mon frère et mes sœurs ont un peu l’impression de me perdre… et c’est normal. C’est un deuil à vivre. 

Comment faites-vous pour nourrir votre foi dans un monde qui est friand de réseaux sociaux et de nouvelles applications électroniques qui attirent un tollé de jeunes? Avez-vous un groupe d’appartenance?

Je ne suis pas à l’abri des réseaux sociaux! Moi aussi, je dois essayer de limiter le temps que je passe sur ces applications. Mon moyen pour nourrir ma foi, c’est la prière en silence, avec la Parole de Dieu et la messe chaque jour, ou presque. Je m’assure d’ancrer ma journée en Dieu en priant le matin, le midi et le soir. J’ai beaucoup appris et grandi dans ma foi en créant et en adaptant des catéchèses. Je participe aux retraites pour jeunes femmes au monastère. Et parfois aussi aux rencontres mensuelles du groupe de jeunes à ma paroisse à Châteauguay et au Défi-Jeunesse-Myriam le samedi soir, une fois par mois, à leur foyer à Mont Saint-Hilaire.

Quel est votre passe-temps favori?

C’est la lecture. J’aime beaucoup les livres de C.S. Lewis, ou encore l’Histoire d’une âme de la petite Thérèse. Ces temps-ci, je lis La Divine Comédie de Dante.

Qu’est-ce que vous lisez ou regardez dans vos temps libres?

J’ai beaucoup aimé les films et le roman Le Seigneur des Anneaux et la série télévisée ‘The Chosen’, une série sur la vie de Jésus. En fait, j’ai regardé les saisons 1, 2, 3 et 4 en anglais.

Quels sont les personnes, les saints qui vous inspirent?

La foi et la vie de prière de mes grands-parents maternels m’inspirent beaucoup. J’essaye aussi d’imiter l’amour de la petite Thérèse et, surtout, celui de Jésus.

De quoi êtes-vous reconnaissante?

 

Je suis reconnaissante pour toutes les petites (et grandes) choses que Dieu m’a données. Pour les gros flocons de neige de lundi dernier, parce que Jésus m’a invitée à passer quelques semaines au monastère.

Une belle journée pour vous?

Aujourd’hui !

J’aime commencer la journée avec la prière et la messe. J’aime beaucoup passer du temps dehors. Chaque jour, Dieu m’envoie très exactement ce qu’Il veut, dans son Amour. Je travaille encore à rester toujours unie à Jésus.

Merci, Clara, pour le temps que vous nous avez accordé pour cet entretien.

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