Réflexion sur l’évangile du 4e dimanche de l’Avent
Il avait suffi que Marie apparaisse pour que le bonheur entre dans la maison d’Élisabeth. Et ce bonheur n’avait rien de cette joie superficielle qui peut égayer un instant la rencontre de deux êtres! Non, ce bonheur avait jailli du plus profond des entrailles de cette femme. L’enfant qu’elle portait secrètement avait tressailli de joie! Par sa seule présence, Marie avait apporté le bonheur. Et parce qu’elle avait accepté de le recevoir, tout simplement, ce bonheur rayonnait de toutes les fibres de son être. Car seul celui qui sait recevoir peut véritablement donner.
Peut-être est-ce bien là le grand secret, ce secret que l’Écriture nous invite à méditer. Non pas un mystère inaccessible et lointain, mais un chemin d’amour et de vie que Dieu nous révèle en Marie. Car ce qui provoque l’exclamation d’Élisabeth et son émerveillement, ce n’est pas d’abord le mystère de la virginité de la mère du Sauveur, mais plutôt sa foi: «Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur.» C’est parce qu’elle a su accueillir la Parole que Marie a trouvé le chemin du bonheur.
Cette parole, Dieu l’adresse encore aujourd’hui à chacun d’entre nous. Avec la même retenue, la même infinie délicatesse, il éveille notre liberté par cette invitation de psaume : «Quel est l’homme qui aime la vie et désire voir des jours heureux?» (Ps 33, 13) En mettant en déroute tout ce qui nous faisait vivre, tout ce qui semblait devoir remplir notre existence et nous combler, la parole de Dieu nous entraîne sur ces chemins où Marie elle-même s’est aventurée avant nous. Des chemins où les promesses de Dieu s’accomplissent toujours, mais jamais comme nous l’imaginerions. Des chemins où la vie semble se jouer de nos projets, les rongeant comme un ver, pour nous conduire insensiblement au pays de la promesse.
De ce voyage intérieur, Marie est devenue pour nous comme l’icône. Car elle, c’est le chemin de Jésus qui déjà se dessine et que l’épître aux Hébreux nous résume en une phase incisive : «Me voici, mon Dieu, je suis venu pour faire ta volonté, car c’est bien de moi que parle l’Écriture.» Car ce dont nous parle l’Écriture, ce n’est pas uniquement de faits survenus à d’autres, il y a bien longtemps, mais c’est surtout de l’avènement de Dieu dans la vie de chacun d’entre nous. Le Verbe de Dieu, aujourd’hui encore, veut prendre naissance en nos vies. Il frappe à la porte de notre cœur, pour que nous le recevions!
Et comment donner ce que nous n’avons pas reçu? Comment partager ce qui nous demeure étranger? Comment rayonner de bonheur, si nous ne vivons pas de la joie de Dieu? La célébration de la fête de Noël, chaque année, n’est pas seulement la commémoration plus ou moins nostalgique d’un événement ancien, mais elle est surtout un appel à entrer, nous aussi, dans cette aventure. Ne sommes-nous pas appelés à devenir, par grâce, la demeure de Dieu parmi les hommes, les messagers de la joie et de la paix de Dieu?
Père Jerry Tony Solano