Homélie

Le lien rétabli entre Dieu et l’humanité

Réflexion sur l’évangile du 12 janvier | Le Baptême du Seigneur

Jean, le dernier prophète, se fait connaître par ce rite particulier : le baptême. Il parcourt le pays en appelant à une conversion qui se concrétise par une plongée dans l’eau purifiant de tous les péchés. Ce qui ressemble à une noyade symbolise la mort du pécheur. La personne qui émerge de l’eau est prêtre à commencer une nouvelle vie. Mais ce geste n’est pas une fin, il est plutôt une préparation à une étape plus importante.

Le baptême de Jean sert à marquer aussi une ouverture : la personne qui se présente à lui pour être baptisée croit en l’arrivée prochaine du salut et y adhère d’avance. Mais Jean est clair : ce salut ne viendra pas par lui. Le prophète appartient à l’étape préparatoire, commencée depuis Abraham.

C’est pourquoi l’évangéliste Luc opèrera une séparation claire entre Jean et Jésus. Jean n’est même pas nommé au moment du baptême de Jésus, car celui-ci ne continuera pas le travail du Baptiste. Une autre époque commence.

Il est bien possible que le baptême de Jésus ait mis les évangélistes mal à l’aise. Comment celui qui venait pour libérer les humains de leurs péchés pouvait-il se soumettre lui-même à un rite de purification?

La scène telle que racontée par Luc est très intime. Il n’y a pas de témoins. Le ciel s’ouvre et l’Esprit descend sur Jésus. Il y a tout, dans ces mots en apparence ordinaires. Le ciel qui s’ouvre, c’est le lien rétabli entre Dieu et l’humanité; l’Esprit qui descend sur Jésus, c’est la marque de prise de possession par Dieu de l’homme Jésus. Celui-ci est bien son envoyé, son Fils, sa joie. C’est par lui que Dieu agira.

Après Jésus, le sens du baptême prend un tour particulier. Paul l’explique dans sa lettre à Tite. Le point de départ n’est plus un geste volontaire de conversion, comme chez Jean, mais une grâce de Dieu. La démarche exprime une ouverture à la puissance du salut divin. C’est elle qui nous permet d’entrer dans une vie nouvelle avec lui.

Au moment du baptême, cette vie est répandue en nous par l’Esprit, à cause de l’existence, de la mort et de la résurrection de Jésus. Dès lors, nous nous engageons à vivre comme des êtres nouveaux. Nous devenons des personnes choisies, comme Jésus, pour révéler au monde un salut qui est déjà en marche pour toute l’humanité.

Tony Solano, prêtre

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