À travail égal, salaire égal. On dirait bien que ce principe fondamental est remis en question dans la lecture évangélique d’aujourd’hui. La parabole des ouvriers de la dernière heure dépeint un cas choquant d’injustice salariale. Mais si Jésus la raconte, c’est pour nous rappeler qu’à côté de l’équité sociale, il y a la justice de cœur.Pour nous parler du Royaume de Dieu et nous révéler qui est Dieu, Jésus raconte l’histoire de ce maître qui n’est pas comme les autres. Il sort de bon matin pour embaucher des ouvriers pour sa vigne et s’entend avec eux sur leur salaire. Il sort encore pour en embaucher d’autres à neuf heures, à midi et à trois heures et leur promet «ce qui est juste». On suppose alors que leur salaire sera ajusté en conséquence. Un dernier groupe se met à l’ouvrage une heure seulement avant la fin de la journée. Et voilà que ces derniers ouvriers reçoivent le même salaire que les premiers, ceux qui ont enduré «le poids du jour et la chaleur». Le maître a beau leur signaler qu’il leur a remis ce qui avait été convenu, ils ne peuvent s’empêcher de penser que ce n’est pas juste, que les derniers engagés ont reçu plus que ce qu’ils méritaient.
Jésus ne manque jamais, en racontant ses paraboles, de nous révéler cette attitude étrange de Dieu qui semble vouloir nous inviter à changer notre regard. Le Dieu de Jésus, c’est celui que dépeint aussi la première lecture. Un Dieu riche en pardon, proche de nous, mais qui nous dit néanmoins: «Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins». (Is 55,8) Un Dieu dont la justice n’est pas à l’image de la nôtre.
Aujourd’hui, Jésus nous invite à aller plus loin que les lois de ce monde où tout se calcule et se paie. Il nous invite à le suivre sur le chemin de l’amour gratuit et désintéressé. Un amour qui ne nous donne pas de droit ni de privilèges par rapport à Dieu. Un amour qui va jusqu’à donner sa vie. Le Seigneur nous invite à travailler nous aussi à sa vigne. Il sort toujours pour nous appeler, et il n’est jamais trop tard pour lui répondre.
Tony Solano, prêtre