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Préparer une place pour Dieu



Aujourd’hui, 25 décembre, Nativité du Seigneur


La salle commune bruissait des conversations des convives. Provoquant des débats animés, le recensement ordonné par l’empereur Auguste devait occuper les discussions, à moins que l’attention ne se soit portée sur les derniers jeux à la mode ou encore sur quelques nouvelles insolites colportées par des marchands venus d’un lointain pays. Aujourd’hui comme il y a deux mille ans, la remarque de l’évangéliste saint Luc serait encore d’actualité: «Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune.» (Luc 2, 7) Non vraiment, aujourd’hui encore, comme il y a deux mille ans, il n’y a pas de place pour Dieu.


À travers cette simple remarque faite comme en passant, saint Luc nous livre en fait l’une des clés du mystère de l’Incarnation, du mystère de la vie de Jésus, du mystère de notre propre existence. Ce qui fait beaucoup de bruit, ce qui semblait devoir nous marquer pour toujours, s’évanouit souvent comme une ombre qui passe. Notre histoire véritable, celle qui plonge ses racines jusqu’au plus intime de notre être, nous échappe la plupart du temps. Comme ces gens qui mangeaient et buvaient, à quelques pas de la crèche, nous découvrons nous aussi, un jour, avec stupeur, que Dieu était là, mais que nous ne le savions pas.


Comme il y a deux mille ans tout près d’une auberge de Bethléem, Dieu passe encore dans nos vies. Et si nous n’avons pas la chance d’être réveillés par des anges, comme «les bergers qui passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux» (Luc 2, 8), pouvons-nous quand même espérer voir nous aussi, comme ils ont vu? Car si Dieu est venu, il y a deux mille ans, prendre chair de la Vierge Marie, et s’il reviendra, à la fin des temps, dans la gloire, il vient aussi aujourd’hui chez ceux qui veulent bien l’accueillir, chez ceux qui lui ont préparé un lieu où il puisse demeurer. Mais que faire pour préparer chez nous une place pour Dieu?


Sans doute est-ce le sens de l’enseignement de l’apôtre saint Paul quand il s’adresse à son disciple Tite. Il lui rappelle en effet qu’il n’est point de vie intérieure authentique, de véritable désir spirituel, qui ne se traduise dans cette ardeur à «faire le bien» (Tt 1, 16). Car, depuis que l’Amour a pris chair de notre chair, depuis que Dieu est venu revêtir notre humanité, nous avons reçu une vocation nouvelle: laisser voir Dieu dans notre humanité. Désormais, le moindre signe d’attention, le moindre geste de pardon prépare une place pour Dieu.


Tel est bien le mystère de l’Église au milieu de ce monde, et de chacune des communautés qui la composent. Si l’amour règne au milieu de nous, si nous sommes ardents à faire le bien, notre communauté deviendra alors semblable à cette étable de Bethléem, pauvre certes, et sans apparence, mais où Dieu lui-même a enfin trouvé une place.



Père Tony Solano

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