Le projet fou de Dieu

4 décembre 2022, 2e dimanche de l’Avent
Dans ce 2e dimanche de l’Avent, Jean Baptiste nous invite à préparer la venue du Seigneur dans l’activité, par la conversion, parce que « le Royaume des Cieux est tout proche ». Attendre la venue du Sauveur, c’est la préparer ! Notre regard se tourne dès lors non seulement vers celui que nous attendons et qui vient, l’Enfant Jésus, mais aussi et surtout vers le royaume que Dieu a inauguré par l’envoi de son Fils. Quand on pense au royaume de Dieu, on peut se dire qu’il s’agit de la fin du monde ou de la vie après la mort… Jean a pourtant proclamé qu’il est tout proche, ce royaume. Il est ici et maintenant ; nous attendons son accomplissement définitif.
Voici quelques caractéristiques de ce royaume.
Qui fait partie de ce royaume ? Saint-Paul, dans la 2e lecture, nous rappelle que tous sont appelés à entrer dans cette dynamique nouvelle. Aux Juifs de son temps, il rappelle que le Christ s’est fait serviteur pour eux. Niant toute exclusion, il proclame que Dieu fait miséricorde afin que tous chantent sa louange. Le psalmiste, lui, « Qu’il domine de la mer à la mer !» Les frontières, de quelque nature que ce soit n’existent pas dans le royaume de Dieu.
Comment est la vie dans ce royaume ? L’existence est tout autre : même les animaux normalement « ennemis » cohabitent paisiblement ! C’est un monde de justice et de paix. Si des animaux aussi différents et opposés que la vache et l’ourse peuvent se côtoyer paisiblement, combien plus devrions-nous pouvoir nous accueillir les uns les autres malgré nos différences et nos divergences ! Dieu voit grand : au lieu de marquer les différences par des exclusions, il invite à l’unité, à former une seule et grande famille, avec nos différences de cultures, de langue, de religion, d’origine ethnique, etc. Dieu n’exclut pas, il réunit ! Dans ce royaume, on y juge avec justice, il n’y aura plus de mal ni de corruption. Dans son intention de salut, Dieu nous donne d’être d’accord les uns avec les autres.
Un point très important de notre spiritualité chrétienne : en devenant homme en Jésus, Dieu s’est anéanti. Par amour pour nous, pour notre condition humaine, il est allé jusqu’à la partager. Cela nous parle de lui, de sa toute-puissance qui se révèle ici: non pas un pouvoir qui soumettrait même notre liberté personnelle, mais bien la tou
te-puissance de l’amour, celle qui soumet à l’autre et qui ne fait qu’espérer le consentement libre à un projet amoureux. Dieu ne peut que nous aimer et donc espérer notre consentement. C’est dire qu’il ne suffit pas pour Dieu de penser un monde juste pour qu’il se réalise. Encore faut-il que nous y consentions !
C’est ici que le temps de l’Avent est précieux et profitable, puisqu’il nous permet de nous recentrer sur le projet fou de Dieu. L’attente fait grandir le désir. Notre consentement se concrétisera dans des gestes à poser : s’accueillir les uns les autres, collaborer à l’établissement de la justice et à la disparition de la corruption, favoriser l’inclusion de tous et toutes, abolir les frontières, etc. Tournons notre cœur vers l’Autre et laissons-nous transformer par Lui. C’est ainsi que nous vivrons l’attente du Sauveur.
L’abbé Jean-Marie Proulx