L’urgence de la mission l’emporte sur le repos

16e dimanche du temps ordinaire

Si vous vous rappelez bien, dimanche dernier, dans l’Évangile, le Seigneur avait envoyé ses disciples, deux par deux, en mission. Il leur avait dit d’emporter avec eux seulement le strict nécessaire, c’est-à-dire un bâton et des sandales. Les disciples sont partis; ils ont marché, parlé, beaucoup écouté, ils ont guéri les malades, ils ont chassé les démons. Voilà qu’ils reviennent et ils sont fatigués. Apparemment, ils sont victimes de leur propre succès. Ils attirent tellement de gens qu’ils n’ont même pas le temps de manger (Mc 6, 31). Malgré la foule qui attend, Jésus invite ses apôtres à se mettre à l’écart et à reprendre le souffle : « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. » (Mc 6, 31)

Avec les apôtres, nous voici invités à nous reposer auprès du Christ pour y trouver un remède à nos fatigues, à nous découragements et à nos épuisements. Se reposer, c’est donc changer de position, se repositionner auprès du Christ pour qu’il nous pose confortablement dans la vie en nous donnant des repères qui nous guideront dans nos rapports avec les autres.

Saint Augustin a ces paroles au sujet de nous reposer avec le Christ : « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est inquiet jusqu’à ce qu’il se repose en toi. » Le peuple d’Israël avait compris que nous ne pouvons trouver le vrai repos qu’auprès du Seigneur. La première lecture parlait des rois de ce monde qui nous déçoivent toujours : « Quel malheur pour vous, pasteurs ! Vous laissez périr et vous dispersez les brebis de mon pâturage! Vous ne vous êtes pas occupés d’elles. » (Jr 23, 1 – 2) Mais le peuple était toujours conscient que finalement, le seul vrai berger, ce ne peut être que Dieu lui-même. C’est pourquoi nous avons entonné le psaume 22 : « Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien. Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer. Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre… »

Jésus appelle donc ses disciples pour aller à l’écart et se reposer un peu. Ils prennent alors le bateau et s’en vont sur l’autre rive. Mais nous notons finalement que la joie du pique-nique et le repos auprès du Seigneur n’auront duré que le temps de traverser la mer. Car la foule a deviné la manœuvre ; en courant, elle prend le devant de Jésus et des Douze ; quand Jésus débarque. Ils l’attendent déjà. Jésus a pitié de ces brebis sans berger.

Pour exprimer cette moitié de Jésus, Marc utilise le mot grec, splagchna qui désigne les entrailles. C’est l’équivalent du mot hébreu rahamim qui veut dire les entrailles maternelles, et que l’Ancien Testament utilise pour désigner la tendresse de Dieu. Jésus est épris de la tendresse de Dieu, et parfois cette tendresse peut garder les foules des jours entiers auprès de lui (Mc 8, 1 – 3).

Finalement, l’urgence de la mission l’emporte sur le repos. Ainsi, les apôtres découvrent qu’à peine arrivés il leur faut repartir, que leur Église est faite pour la dispersion, que l’intérieur de leur Église est à l’extérieur, et qu’il leur faut apprendre à devenir nomades et toujours partir pour conquérir la joie.

Père Jerry Tony Solano

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