FAIRE L’EXPÉRIENCE DE DIEU

Réflexion sur l’évangile du 26 mars, 5e dimanche du Carême
«Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais.» (Jn 11, 25-26)
Faire l’expérience de Dieu signifie dépasser la mort pour naître à la vie, vaincre la maladie du désespoir, sortir de la prison éternelle du sépulcre, surgir hors de la geôle de la putréfaction. Lorsque tombent les bandelettes enlaçant notre cadavre et que nous sortons à la lumière en obéissant à l’appel de Dieu: «Lazare, viens dehors!», alors la terre ne peut plus nous retenir en son sein, et nous sommes libres.
Il est possible que des hommes ou des femmes qui n’ont jamais vu la lumière du monde se risquent soudain à croire que cet appel les concerne, comme leur véritable vocation.
Il est possible que la sensation de putréfaction d’un corps en vie, lorsque l’âme ne supporte pas l’existence, soit vaincu par l’appel de l’amour.
Il est possible qu’une vie qui ne semble vouée qu’à la mort s’ouvre à l’horizon d’éternité.
L’Évangile de Jean ne manifeste pas de plus grand dessein que nous convaincre que la résurrection n’est pas un événement éloigné, ni étrangé qui attendrait la fin des temps pour se produire. Aucune aurore pascale ne saurait jamais se lever sur le monde — quand bien même se lèverait-elle, nous ne la remarquerions pas — si nous n’étions pas à même, au sein de cette vie, de faire l’expérience de Dieu, et de comprendre ainsi ce que vivre veut dire, au-delà de la peur de la mort, au-delà de la finitude, au-delà des limites et de l’angoisse qui étreignent ce monde. Car cet appel: «Viens dehors!» nous concerne aujourd’hui, là où nous sommes.
Que l’on ait vingt, quarante, soixante ou quatre-vingt ans, il n’est jamais trop tôt ni trop tard pour comprendre, voir et entendre qu’il n’y a pas deux mondes, un «ici-bas» et un «au-delà», séparés dans le temps, en nature et en esprit. Le Dieu de Jésus-Christ est présent aujourd’hui: il est une présence éternelle. Et tout au long de notre vie, il nous faut croire et savoir qu’entre la terre et le ciel, entre le temps et l’éternité, entre l’humanité et Dieu, il n’existe aucune frontière: il n’y a qu’un seul royaume d’amour et de vie, celui auquel nous sommes appelés.
Tony Solano, prêtre