Celui qui n’est pas contre nous est pour nous. (Mc 9, 40)

26 septembre 2021, 26e dimanche du temps ordinaire
Celui qui n’est pas contre nous est pour nous. (Mc 9, 40)
L’intervention de Jean à propos de l’exorciste étranger révèle une fois de
plus combien les disciples sont encore loin de l’esprit du Christ : tandis qu’il leur dit comment il va tout donner, eux ne songent qu’à défendre jalousement ce qu’ils prennent pour leur monopole! Est-ce d’ailleurs un hasard si, après chacune des « annonces de la Passion » l’incompréhension des disciples se trouve ainsi manifestée incapables de veiller à Gethsémani : Pierre la première fois, Jean maintenant et, après la troisième annonce, Jacques et Jean (10, 35 – 37)?
Toujours est-il que c’est aux fidèles, dans la communauté chrétienne, que la tradition évangélique veut faire entendre cette déclaration du Seigneur : « Celui qui n’est pas contre nous est pour nous », comme une mise en garde contre tout exclusivisme, tout esprit de chapelle. Qui peut oser de dire : « Défense à Dieu de faire miracle en ce lieu? » L’Église elle-même n’est pas propriétaire de la force salvifique du Christ; elle n’en est que l’humble servante, et l’Esprit du Seigneur, qui souffle où il veut, déborde, par bonheur, toutes les frontières que nos étroitesses lui voudraient imposer. Savons-nous le reconnaître à l’œuvre là même où nous ne l’attendions pas et rendre grâces quand sa liberté, voire sa fantaisie, nous déconcerte?
Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi… (Mc 9, 42)
On sait quelle place tient dans les préoccupations pastorales de Paul le danger de « scandaliser », de faire tomber les chrétiens les plus faibles, les plus humbles ou les moins éclairés. Expliquant aux fidèles de Corinthe qu’ils sont libérés des vieux tabous judaïques, l’Apôtre ajoute : « Mais prenez garde que l’usage de votre droit ne soit une occasion de chute pour les faibles… Ainsi, en péchant contre vos frères, et en blessant leur conscience qui est faible, vous péchez contre le Christ lui-même. » (1 Co 8, 9. 12) Ainsi aux yeux de Paul – et cela ne nous éloigne pas du contexte où nous lisons cet enseignement chez Marc – c’est le geste du Christ Serviteur livrant sa vie pour nous qui fonde l’infini respect dont doit être entouré dans la communauté chrétienne les plus petit d’entre les frères et sœurs.
Père Jerry Tony Solano