Entrevue Mgr Poisson

«À six ans, je me suis dit que j’aimerais faire comme ce prêtre-là: faire du bien».

Mgr Raymond Poisson | ENTREVUE

20 juin 2024

En juin 2020, le pape François a uni dans la personne de l’évêque le diocèse de Mont-Laurier au diocèse de Saint-Jérôme, dont le pasteur est Mgr Raymond Poisson; en même temps le Saint-Père a nommé Mgr Poisson évêque du diocèse de Mont-Laurier. Deux ans plus tard, le Saint-Père a annoncé la création du nouveau diocèse de Saint-Jérôme–Mont-Laurier et la nomination de Mgr Poisson comme évêque de ce nouveau et vaste diocèse.

Comme président de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) dont le mandat a pris fin septembre dernier, il a reçu le pape François lors de sa visite pastorale au Canada en juillet 2022. C’était une occasion unique pour le Saint-Père, une nouvelle fois, d’écouter et de dialoguer avec les peuples autochtones, d’exprimer sa proximité sincère et d’aborder l’impact de la colonisation et de la participation de l’Église catholique dans le fonctionnement des pensionnats autochtones partout au Canada.

De passage à la cathédrale de Saint-Jérôme, Mgr Poisson nous fait l’honneur de cet entretien sur son parcours ainsi que sur la mission et les défis de l’Église dans une société en mutation.

Photo: Avec l’aimable autorisation de Mgr Poisson

L’intégrale de l’entrevue se retrouve également sur le site web du diocèse: www.ecdl.ca

André LaRose (pour l’infolettre de la paroisse Sainte-Thérèse-d’Avila): Merci de nous accueillir à l’évêché.

Mgr Raymond Poisson: Bienvenue. 

Vous êtes originaire de Saint-Jean-Baptiste de Rouville en Montérégie, tout près de Mont Saint-Hilaire. À quel moment et dans quelles circonstances avez-vous senti une interpellation du Seigneur?

Il y a deux éléments. D’abord, à mes six ans, il y a eu le départ précipité de ma sœur. Elle n’avait que douze ans lorsqu’elle a contracté la rougeole, cela a causé une complication importante, une méningo-encéphalite et en l’espace de trois jours, elle est décédée. Sur le coup, je n’ai rien su sur ce qui s’était passé; mes parents avaient décidé de m’envoyer chez ma marraine, croyant que cela serait mieux ainsi. Trois, quatre jours après, c’est au salon funéraire que la nouvelle m’est tombée dessus. La tristesse de mes parents était palpable. Et là, j’ai vu le curé venir à la rencontre de mes parents. Pour vous situer un peu, ma mère était enseignante et mon père engagé dans la pomiculture; n’oubliez pas nous sommes à flanc de la montagne de Rougement en Montérégie. Le curé s’est approché d’eux et j’ai vu que ses paroles leur avaient fait du bien. J’ai même servi à la messe des funérailles, pourtant, je n’avais pas fait ça auparavant, c’était tout nouveau pour moi. En remémorant ce jour-là, je me suis dit que «j’aimerais faire comme ce prêtre-là: faire du bien».

Deuxième point. J’ai découvert la beauté de la musique sacrée dès mon enfance, comme nous avions souvent l’occasion de venir à l’Église. À dix ans, j’ai eu ma première leçon de piano et d’orgue classique… et j’ai continué de suivre des cours jusqu’à vingt-deux ans. C’est une passion qui résonne toujours chez moi. Pour approfondir mes connaissances, j’ai étudié la musque chez les Sœurs de Saint-Joseph à Saint-Hyacinthe. Pour tout vous dire, on apprend et le piano et l’orgue dans le même temps. Deux instruments à clavier, mais qui offrent des registres de son fort différents. Chez l’un, des marteaux [à pointe de feutre] qui frappent des cordes, et chez l’autre des tuyaux qui reçoit le souffle (vent) avec une amplitude et une variété d’harmonisations qui emplissent une église, ce qui n’a pas son pareil, à mon avis. Dans mon cœur et ma tête, si je devenais prêtre un jour, c’était pour faire de la musique. En fait, cela m’a été bien utile, car j’ai payé une partie de mes études en jouant de l’orgue à des célébrations.

À dix-huit ans — avec l’accord de Mgr Bernard Hubert —, je suis entré au collège André-Grasset chez les Sulpiciens [situé dans l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville à Montréal] pour faire mon cégep… en sciences. Eh oui, en sciences! Après tout, il faut savoir faire des calculs dans la vie d’un prêtre de paroisse, m’a-t-on dit. C’était un parcours de deux ans — et non pas celui d’une technique — ce qui nous prépare au cursus universitaire.

Tout à coup, j’apprends que nous n’allons pas dans un séminaire. Nous sommes en 1978. Pour accueillir le petit groupe de séminaristes, Mgr Hubert ouvre une «maison» sur la Rive-Sud. En fait, deux appartements de cinq pièces dans un immeuble de… trente-quatre logements au cœur d’un quartier populeux de la ville. La première année, nous étions sept, la deuxième année, deux séminaristes. La troisième et quatrième année, j’étais le seul séminariste, mais je continuais de vivre à la résidence en compagnie des deux prêtres avec qui j’ai beaucoup appris. Je leur suis reconnaissant. Ma formation philosophique et théologique s’est faite à l’Université de Montréal.

L’idée de devenir prêtre «pour faire de la musique» fait son chemin. Le tournant s’est opéré, je crois, lors de mes études universitaires avec l’aide des prêtres qui m’ont accompagné. Je deviendrai prêtre plutôt «pour faire du bien aux autres».

Aviez-vous à vivre des stages, des expériences de vie sur le terrain, en complément à votre formation? De quelle manière cela vous a aidé à laisser mûrir en vous votre appel?

Les séminaristes devaient participer aux activités de la vie quotidienne, la cuisine, le ménage, etc. Comme j’ai déjà expliqué, j’ai payé mes études en partie en jouant de l’orgue soit à des mariages, à des funérailles, aux célébrations de Noël ou au Triduum Pascal.

À l’hôpital Notre-Dame de Montréal, j’ai trouvé un emploi comme «infirmier», ou plutôt comme préposé aux soins des personnes malades. Vous savez, à l’époque, il n’avait qu’un ou deux «infirmiers» par étage, donc très peu d’hommes pouvant effectuer des tâches d’effort physique, comme le lever et le déplacement des patients, les bains et les préparations aux interventions. J’ai fait ça quatre étés consécutifs ainsi que lors des vacances de Noël. Nous étions bien payés, car l’État évalue le tarif horaire en fonction des années de scolarité.

Vous avez été ordonné prêtre le 9 décembre 1983 pour le diocèse de Saint-Jean-Longueuil par l’évêque d’alors, Mgr Bernard Hubert. Pourquoi devenir religieux et laisser de côté une vie dans la cité au carrefour des idées et de la culture? Qu’est-ce qui vous a attiré?

J’apporte une précision concernant le prêtre religieux et le prêtre séculier. Le prêtre séculier est dans la cité toute sa vie, il est donné à la communauté, il s’occupe des œuvres de miséricorde, entre autres, de dépannage alimentaire et des besoins spirituels divers de la population. C’est un service auprès de monsieur et madame Tout-le-Monde, afin d’être là pour les naissances, pour célébrer les mariages, pour accompagner les personnes en deuil. Nous sommes non pas à côté de la culture, mais impliqué dans la culture.

Vous avez étudié à Rome afin de parfaire votre formation. Y a-t-il des différences dans la manière d’enseigner ici et en Europe?

Il y a une immense différence, et le comparatif ne se veut pas négatif. Au contraire. D’abord, l’universalité chez le corps étudiant et aussi chez le corps professoral dans les différents collèges d’enseignement à Rome: c’est impressionnant. À l’Université de Montréal, d’où j’ai obtenu mon baccalauréat et ma maîtrise, j’ai appris à faire de la théologie, à réfléchir et à raisonner, mais j’avais soif d’approfondir mes connaissances.

Entre-temps, j’ai fait trois ans de pastorale comme curé de paroisse à Brossard.

À vingt-huit ans, je désire apprendre les grands classiques de la théologie. Après en avoir parlé avec mes confrères prêtres francophones d’ici, je choisis mon directeur de thèse de doctorat en ecclésiologie [partie de la théologie qui traite de la vie de l’Église] et l’auteur à étudier: Teilhard de Chardin.

Pierre Teilhard de Chardin, prêtre et paléontologue, décédé en 1955, avait une pensée et un vocabulaire hors du commun, certainement pas évident à saisir pour la majorité d’entre nous. Sa pensée a suscité parfois des controverses. Ce n’était pas un peu risqué pour vous de poursuivre des études à son sujet?

Sans doute que oui. Je m’explique. C’était un homme dont les idées avaient été formulées bien avant le Concile [du Vatican II]. Il était en quelque sorte un précurseur. J’avais accès à tous ses écrits. Je m’étais dit que je pouvais bien présenter la pensée de Teilhard de Chardin face aux quatre grands ténors de la théologie, à savoir saint Paul de Tarse, saint Irénée de Lyon, saint Augustin et saint Thomas d’Aquin.

C’est mon évêque qui m’a envoyé aux études pour deux années, pas une de plus! Il voulait bien que mon périple à Rome pour un doctorat ne dépasse pas deux ans — habituellement, le parcours est de cinq ans —, quitte à revenir au pays pour terminer les études «dans mes temps libres». Je n’étais pas trop chaud à l’idée. Je me suis pris autrement. Du lundi à samedi, six jours/semaine, la messe quotidienne tôt le matin, les études de 7h30 jusqu’à 14-15h, et après j’avais les après-midi libres pour visiter Rome et les environs. Dans le même temps, j’avais ma vie de prêtre auprès des pèlerins francophones, et comme organiste pour des célébrations aux temps forts de l’année liturgique. Avec ce régime de vie, j’ai pu compléter le tout en deux ans. Et le document final écrit se trouve ici à ma bibliothèque. Un document qui est rangé là-haut et que je n’ai pas lu depuis. (Rires.)

Comment voyez-vous le sacerdoce ministériel? Vous savez comme moi que «ministre» a plusieurs sens. Dans le sens commun, on pense toute de suite au gouvernement. Alors, qu’est-ce qu’un ministre dans l’Église?

Un ministre au sein du gouvernement est au service, disons, des travaux publics. Un ministre au service du peuple chrétien est là où il vit. Il y a des époques, comme au commencement de mon ministère de curé de paroisse en ’83 où la vie en Église était réglée par la vie sacramentelle des baptisés. C’est encore le cas chez les nouveaux immigrants pour qui les célébrations demeurent un évènement festif, haut en couleur et qui impliquent un bon nombre de personnes de familles proches et amis. Règle générale, c’est compliqué pour les familles aujourd’hui. Les deux parents qui travaillent parfois à des horaires différents, la situation de garde partagée des enfants, les activités parascolaires des jeunes qui grugent du temps hors du cadre de la famille, etc., exigent de notre part une ouverture pour comprendre ces réalités. Par le passé, il y avait un mouvement de masse rattaché à l’institution [de l’Église] qui encadrait la participation à nos assemblées. Ce n’est plus le cas, c’est différent aujourd’hui. D’ailleurs, je n’ai aucune peine de voir que nous sommes moins nombreux. Il n’y a pas de comparaisons à faire. Vous savez, il y a des gens qui sont vraiment en recherche. Voyez ce qui se passe en temps d’épreuve, les priorités changent. Pour bon nombre d’entre nous ici au Québec, nous n’avons pas connu la guerre, nous ne voyons pas la nécessité de certaines choses. En Ukraine, la foi devient un cri de ralliement pour ce peuple martyrisé.

Qu’est-ce que nous a apporté le Concile Vatican II qui a mis une insistance particulière sur la redécouverte de ce qui signifie dans la vie de chacun et dans celle de l’Église le sacerdoce commun, celui de tous les baptisés?

Le Concile a mis une insistance particulière pour que nous soyons, en tant qu’Église, plus dans le monde, pour découvrir notre mission dans le monde. L’Église est nécessaire au monde pour que le monde sache qu’il est sauvé. Elle est sacrement de salut, signe visible et sensible du salut offert par Jésus Christ.

Comment voyez-vous votre vocation de prêtre dans la vie de tous les jours face à des sociétés qui veulent s’affranchir de la foi, de la transcendance, notamment en Occident?

C’est un témoin, une personne pas comme les autres. Le prêtre témoigne de sa foi, de sa joie, malgré la maladie avec laquelle il vit, à travers tous les évènements qui façonnent son quotidien.

Aujourd’hui, au Québec, et sans doute depuis le début du vingtième siècle, disons les cent dernières années, j’aperçois le Québécois de souche comme un adolescent qui regarde sa mère, l’Église: bien que relié à Elle, il s’est affranchi des règles qu’Elle imposait.

Y a-t-il lieu de reformuler ou de revoir jusqu’à dans la formation des futurs prêtres? Afin qu’ils se comprennent dans leur l’appel par rapport à la communauté à laquelle ils sont envoyés.

Votre question tombe à point. En 2016, le Vatican a publié «Ratio Fondamentalis, le don de la vocation presbytérale», pour la formation des prêtres. [La dernière révision avait lieu en 1985.] Il appartient ensuite aux conférences épiscopales à travers le monde d’adapter ces normes selon la culture et les réalités propres à leur pays. À la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC), j’ai été désigné pour la rédaction d’un texte canadien. Habituellement, les textes proposés sont envoyés à Rome pour une ronde de vérifications et de possibles rectifications avant que le document officiel entre en vigueur. En 2021, notre document a été publié et mis en ligne.

L’équilibre de vie chez le candidat à la prêtrise a été mis à l’avant-plan, à savoir s’il est capable de cuisiner, de faire le ménage, de s’offrir des activités de détente et de saines relations avec les autres. Autre point. Les candidats arrivent à tout âge aujourd’hui, bien que nous refusions généralement toute personne de cinquante-cinq ans et plus. Pour nous assurer du bien-fondé de l’appel chez la personne et lui offrir un temps de réflexion adéquate, le candidat est invité à suivre deux années propédeutiques (le noviciat chez les religieux). Viennent ensuite deux années de stage en paroisse et trois années d’études, soit un cursus de sept années, et cela, peu importe l’âge d’entrée.

On a vu avec les scandales d’abus ces dernières décennies qu’une vision cléricale (ou d’autoréférencement dont le pape François fait souvent allusion) et une sorte de protection naturelle de l’entre-soi pouvaient permettre des abus et contribuer à les cacher. Comment faites-vous pour naviguer dans ces eaux troubles?

D’abord, une précision. Dans les allégations d’inconduite sexuelle chez des personnes qui paraissent bien souvent dans les médias, il n’y a pas d’accusations formelles, car rien n’a été soumis comme preuve devant une cour de justice. Les victimes requièrent l’anonymat, disons dans le cadre d’une poursuite ou d’un recours collectif, et je peux comprendre leur choix, mais à moins de se tourner vers les tribunaux, on ne peut faire la lumière.

Une victime, c’est une victime de trop. C’est triste et regrettable.

Cela dit, les abus sexuels, ce n’est pas seulement au sein de l’Église que cela se passe, mais cela touche plusieurs domaines: Le monde du cinéma, le monde politique, le sport amateur et professionnel… N’oublions pas aussi les autres abus, tels qu’organisés par des escrocs financiers. Les conséquences sont-elles moins graves? Nous touchons du doigt l’humanité dans ce qu’elle a de plus ténébreux, dans ce qui est plus obscur. Mais je ne me concentre pas là-dessus. Je reconnais l’apport de plusieurs personnes authentiques dans leurs démarches et leurs engagements, prêtres comme laïcs. Laissons-nous inspirer par ces témoins.

Où puisez-vous votre inspiration pour vos homélies?

Je commence par prendre connaissance des textes en début de semaine. Ensuite, je m’imagine comme une personne assise dans un banc d’église pour tenter de dégager un ou deux éléments qui m’aiderait dans la compréhension de ces textes.

Je livre de courts sermons, certainement pas plus de sept, huit minutes. Au fond, qu’est-ce qu’on retient d’une homélie qui serait trop longue à écouter? Aussi, le contact visuel avec mon auditoire m’est primordial, donc pas de notes, pas de lecture, sauf en cas d’exception.

À quoi rassemble une journée dans la vie de Mgr Poisson?

Pour être honnête, ce n’est jamais pareil. Il y a la messe que je préside à 7h15 en semaine à la cathédrale. Ils sont habituellement une cinquantaine de personnes dans l’assemblée. Dommage qu’ailleurs il n’y a pas plus de célébrations en semaine pour tenir compte de l’horaire de travailleurs; les messes à 8h30 et à 9h conviennent pour les gens à la retraite, mais pour les autres?

Dans l’heure qui suit après la messe, je suis au bureau pour régler (ou pour m’avancer dans) des dossiers, pour répondre aux messages courriel et aux messages sur ma boîte vocale. Et puis, étonnamment, mon avant-midi peut être accaparé par toutes les activités rattachées au bon fonctionnement de ma «maison» (l’évêché s’entend). Les après-midi sont consacrés aux activités du diocèse, à des réunions sur nos plateformes virtuelles. Dieu sait que ces outils nous épargnent temps et argent compte tenu du vaste territoire du diocèse. En effet, nous avons désormais trois régions avec leurs particularités. Très sommairement, il y a la région sud et les villes de banlieue de la métropole, le centre à Saint-Jérôme qui regroupe et la ville et les terres agricoles, le nord à Mont-Laurier où l’on retrouve la forêt, ses rivières et ses lacs… et ses touristes, pécheurs, chasseurs et travailleurs forestiers en petit nombre, comparativement au sud. Nous devons, tout de même, privilégier les rencontres sur place, donc, au moins trois moments et lieux de rencontres sur le territoire, pour éviter aux participants de parcourir de trop grandes distances.

Une belle journée pour vous?

Le dimanche, sans doute. Lorsque j’accueille le monde à la porte de l’église, ce contact me fait vivre. Lorsque je visite une paroisse, ou que je prends le repas avec des personnes du milieu, ce sont des moments toujours précieux. Ayant été un organiste à différentes occasions lorsque j’étais jeune prêtre, cela me manque de ne plus pouvoir entendre résonner l’orgue dans plusieurs de nos églises, alors que plusieurs d’entre elles possèdent un tel instrument. Pour revenir à votre question, je dirais que le dimanche me nourrit. Oui, c’est bien ça.

Votre souhait pour les personnes qui n’ont plus raison d’espérer?

Qu’elles puissent être aimées pour qu’elles puissent aimer à leur tour. L’amour fraternel, c’est le moteur de l’espérance.

Facebook